En PISTE
- Une randonnée scientifique pour une écologie intégrale des grandes infrastructures
Une randonnée scientifique pour une écologie intégrale des grandes infrastructures
En piste explore une méthode d’analyse pluridisciplinaire des espaces de la grande échelle induits par les ouvrages d’infrastructures. Une équipe pluridisciplinaire se propose ici de longer les infrastructures de l’eurométropole Lille Kortrijk Tournai (Likoto) en suivant (et/ou en préfigurant) la piste qu’elles génèrent malgré elles.
La recherche En marge (Delbaere, PIRVE, 2011-2015) a associé 7 structures de recherche autour de l’analyse des potentialités écologiques, paysagères et urbaines des 650 km d’infrastructures de transport qui se croisent sur le territoire d’urbanisation diffuse de Likoto. Les propositions issues de cette recherche sont entrées dans une phase pré-opérationnelle, ce qui suppose une visualisation cartographique dont l’élaboration contient un nombre important d’approximations et d’extrapolation, au risque d’invalider certaines perspectives. Il faut parvenir à une description plus complète des espaces liés aux infrastructures en menant une investigation de terrain sur tous les linéaires, et en y disposant de données de même consistance pour l’ensemble des items considérés (habitats, espèces recensées, pratiques sociales observées, mobilités potentielles, modes de gestion pratiqués).
Pour élaborer une méthode descriptive complète, quatre problèmes seront traités : le problème de l’échelle (la longueur des infrastructures invalide certaines pratiques de relevé, à une méthode d’échantillonnage par placette statiques, il faudrait substituer une méthode adaptée à un examen linéaire et continu des talus pensée à l’échelle de l’infrastructure) ; le problème de l’unité de terrain (en fonction de ses méthodes spécifiques, chaque scientifique opère une sélection dans le terrain et dirige son attention vers des fragments réceptifs à son mode analytique, ce qui rend difficile la superposition de ces données. Il faudrait donc que chacun compose son parcours sur un même terrain, et que la méthode commune se déduise d’un ajustement progressif, sur la base d’un protocole simple et lisible par tous) ; le problème de l’externalité des méthodes (les abords d’infrastructure constituent un écosystème anthropisé difficile à appréhender à partir de référents externes : à quelle matrice écologique, à quel environnement social, comparer la biodiversité ordinaire de ce vaste jardin en mouvement, ou les pratiques sociales marginales et souvent illicites qui y prennent place ? L’environnement infrastructurel peut être décrit au contraire comme autoréférent. De ce point de vue, l’investigation devrait se laisser guider par les formes propres du terrain : suivre les sentiers, s’arrêter dans les clairières, longer les clôtures, les franchir là où elles sont trouées, suivre la piste) ; le problème trophique (la forme de l’espace résulte ici de la gestion qui en est faite, et celle-ci procède par actions simples, radicales, brutales souvent, instables. Une approche statique du milieu est vouée à voir son objet disparaître sans cesse. La description doit donc se tendre moins vers l’enregistrement d’un état présent que vers la prévision, voire la prospective, d’une succession d’états futurs possibles.
Le projet prend la forme d’une série de trois randonnées scientifiques de 3 jours chacune le long de la piste discontinue qui se forme depuis leur construction le long des grandes infrastructures de Likoto. Alternant des périodes d’arpentage et de relevés, de synthèse des relevés et de mise en débat de la méthode, puis de reformulation de cette méthode sur le terrain, la recherche permet l’affinement progressif du protocole, jusqu’à parvenir à une méthode transposable sur d’autres terrains de nature comparable.
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